À Bukovel, à 1 200 kilomètres de Bakhmout, on tente de redonner le goût de la vie aux combattants et à leurs familles
Dans les rues, la neige ne recouvre jamais entièrement la détresse
De notre envoyé spécial en Ukraine Nicolas Delesalle
Tout paraît vrai. Tout a un goût de paix. La neige fraîche, les skieurs en combinaison bariolée, la beauté des montagnes, la noria des télésièges, le bruit mat des planches de surf, les sonos qui, au sommet des pistes, crachent des musiques électroniques. Bukovel, au cœur des Carpates ukrainiennes, ressemble à n’importe quelle station de ski. Pourtant, tout n’est qu’illusion. Même si les combats se déroulent loin de ce paradis, même si aucune bombe n’est jamais tombée sur les cent hôtels et les trois lacs artificiels de ce village luxueux sorti de terre au début des années 2000, la guerre, à Bukovel, est partout. Sur les visages marqués des soldats démobilisés, dans les regards anxieux des citadins de Kherson, d’Odessa ou de Kiev, venus voler quelques jours d’innocence à un cauchemar.
Katia et Igor ont 32 ans. Ils se sont retrouvés après un an de séparation. Lui