Fondateur et dirigeant d’une entreprise à succès, Cegid, Jean-Michel Aulas (73 ans) a connu un succès médiatique à la tête de l’Olympique lyonnais. À partir de 1987 en deuxième division jusqu’au sommet du championnat de France, remporté sans interruption entre 2002 et 2008. S’il a échoué à atteindre une finale européenne, il a fait de l’équipe féminine de l’OL la référence avec huit victoires en Ligue des champions. L’hiver dernier, il a vendu son club à l’Américain John Textor mais s’est assuré trois années de plus à la présidence. Un parcours riche de rencontres, dans le sport et en dehors, qu’il raconte dans un livre.
La même marraine que Jean-Jacques Goldman
Jeannette Schmitt est ma marraine. Une femme merveilleuse, cultivée, délicate, mère de deux garçons qui s’avéreront brillants l’un comme l’autre, chacun dans son domaine. Michel sera professeur, agrégé d’université en littérature à Lyon où il vit toujours ; Bernard, son frère, deviendra un homme de spectacle reconnu. Ami d’enfance de Jean-Jacques Goldman, il contribua à ses réussites initiales, c’est lui qui, en particulier, réalisa la plupart de ses clips. Il était aussi très proche de Johnny Hallyday dont il a mis en scène plusieurs spectacles à Bercy ou ailleurs. Plus tard, j’apprendrais que Jeannette, ma marraine, était également celle de Jean-Jacques Goldman.
Bernard Tapie le séduit
Fin 1986, je reçois un appel de Bernard Tapie. Je ne l’ai encore jamais rencontré et je le connais seulement à travers la presse économique qui égrène depuis bientôt dix ans ses nombreux rachats d’entreprises en grande difficulté, Terraillon, Testud, La Vie claire, etc. Et par sa récente implication dans le sport, le cyclisme, en prenant le Bernard Tapie m’a identifié et il reviendra à la charge quelques mois plus tard. Ma rencontre avec lui est un moment important dans ma trajectoire. J’ai découvert un homme exceptionnel au sens propre du terme, à savoir qui sort de l’ordinaire, avec ses défauts mais aussi ses qualités. Sans son initiative médiatique en 1987, je ne serais peut-être jamais devenu président de l’Olympique lyonnais. J’ai tendance – c’est mon tempérament depuis toujours – à privilégier le positif dans les situations que je vis, les épreuves que j’endure et les rencontres que je fais. Je ne peux donc pas ignorer Bernard Tapie et encore moins répudier sa mémoire. C’est entendu, Bernard n’est pas parfait, il a fait l’objet de nombreuses poursuites judiciaires, mais c’est aussi un homme qui a su s’imposer dans le monde des affaires comme dans celui du football ou de la politique – ce qui l’a d’ailleurs probablement perdu. Ses faiblesses, ses dérives ne doivent pas occulter ses qualités intrinsèques dont j’ai pu m’inspirer, comme son esprit conquérant, sa soif de réussite, son leadership. Je ne lui ai jamais parlé de l’affaire VA-OM et, de la même manière, je me suis interdit de lui demander si oui ou non il avait acheté des matchs. De toute évidence cela aurait entaché notre relation. Chacun a son idée, j’ai la mienne.