ÀLA FIN DES EIGHTIES, Bootsy Collins est dans son élément lors de soirées en ville, à Washington. Arborant ses fameuses lunettes étoilées, il se relaxe avec d’autres musiciens – dont certains ont joué avec Miles Davis – et raconte des histoires sur son ancien patron et collègue, George Clinton, à l’époque de Parliament/Funkadelic. De temps en temps, il adopte le ton cartoonesque qu’on entend sur des morceaux comme “Bootzilla”. Et il mène la grande vie: “On va s’amuser avec ce bout de plastique !” s’amuse-t-il en agitant une carte bancaire.
Mais, au fil des heures et des jours, ses compagnons de fête se disent que quelque chose ne colle pas. Pour commencer, Bootsy n’habite pas à Washington. Bien qu’étant un bassiste monstrueux, il ne touche pas à un instrument et n’arrête pas de répéter que Clinton et les autres dans le monde du P-Funk lui ont tout volé. “Il s’est mis à dire que George lui a fait ça, que machin lui a fait autre chose et qu’il traversait une période difficile”, se souvient “Foley” (Joseph Lee McCreary Jr), le bassiste de Davis. Quand Collins en vient à lui demander de l’argent, Foley devient vraiment soupçonneux. “J’ai répondu : ‘Qu’est-ce que tu as fait de tes royalties?’, explique Foley. Il n’a pas vraiment pu répondre. Tu es Bootsy, tu devrais être blindé. Il reprenait sa voix de Bootsy et essayait de changer de sujet.”
Il s’avère que ce n’était pas Bootsy Collins, mais l’un des imposteurs les plus éhontés de l’histoire de la musique. Qui plus est, ce faux Bootsy n’était pas le seul à parader.
Depuis que les rockstars existent, il y a eu des imposteurs; pas des imitateurs, mais des escrocs se faisant passer pour elles et détournant de l’argent ou des biens au passage. En 1964, de faux Beatles ont donné des concerts en Amérique du Sud; à la même période, un organisateur sans scrupule a embauché une bande d’ex-cambrioleurs, chauffeurs de bus et vendeuses de lingerie et les a fait passer pour les Ronettes et les Temptations lors d’une tournée en Angleterre. En 1977, un David Bowie fake a