Lorsque Philippe David tend la main, on empoigne une écorce. La peau est rugueuse, les ongles cassés et poinçonnés de noir, une vraie pogne, un outil de jardinier, de bûcheron même, celui d’un homme de métier qui bêche, qui transporte, qui nettoie, qui taille des topiaires et élague les arbres. Encore vêtu de sa veste de travail verte, il ouvre des huîtres à l’aide d’un Opinel 12 à même la table de bistrot, loge une coquille dans sa paume et la gobe, improvisant un festin royal au cœur des halles de Versailles.
Dans la taverne bruyante, il parle de son métier avec ferveur : il est au service du plus beau jardin du monde, celui de Versailles. Un mélange de Gabin et de Depardieu avec une pincée aristocratique de Bourvil. En 2011, Philippe David s’est lancé un défi, celui de la margelle. Désherber la tablette calcaire ceinturant le Grand Canal à demi enfouie sous la végétation, lui redonner ses lignes de noblesse. Tout le pourtour, 5,3 kilomètres. À la main. Avec une sarclette demi-lune, l’outil du jardinier de Louis XIV, Le Nôtre (enfin, de ses assistants). Un peu de (Rimbaud), cette offrande en forme de croix latine asymétrique. Soixante-dix mille coups de taille. Un acte de foi, un geste de piété, un labeur à l’ancienne, dans lequel il entre du sentiment, de la vénération et du respect. expose Philippe David Un poème végétal, sueur, terre, herbe. Neuf ans plus tard, la margelle est