Le comble pour un écrivain serait-il de ne pas savoir tourner la page ? En 2021, appelée à Paris par la promotion de son dernier roman, Catherine Cusset traversait l’Atlantique, emportant avec elle trente années d’une vie newyorkaise qui prenait fin. L’Amérique, omniprésente dans son œuvre, s’écrirait désormais de ce côté de l’océan. Dans La Définition du bonheur ( Gallimard, 2021), le lecteur suit les trajectoires croisées d’Eve et de Clarisse, l’une résidant à New York, l’autre à Paris – deux visages de leur créatrice qui, au long de sa vie d’adulte, n’aura cessé d’alterner entre ces deux rives, de faire de l’« entre » un territoire à explorer.
Depuis son retour en France, l’écrivaine était sans bureau. Celui sur lequelCatherine Cusset savait ne pas vouloir vieillir aux États-Unis, pays qu’elle découvre à 23 ans. Normalienne, elle obtient un poste de lectrice à l’université de Yale. Trois mois avant le grand départ, elle ne parle pas un mot d’anglais, une langue qu’elle juge pourtant Grâce à son apprentissage, à la découverte d’une autre culture, à la rencontre d’étudiants de toutes nationalités, elle fait l’ d’un décentrement du point de vue fondamental pour l’œuvre à naître. affirme celle pour qui l’imagination ne consiste pas à inventer mais à se mettre à la place de l’autre.