PAR PAUL AUSTER, TRAD. DE L’AMÉRICAIN
PAR ANNE-LAURE TISSUT.
ACTES SUD, 208 P., 26 €.
le sous-titre de ce passionnant essai est explicite, et les chiffres le Paul Auster, en est atterré. Fine gâchette, il aurait pu, lui aussi, nous confie-t-il, posséder son petit joujou, d’autant qu’il nous dévoile un lourd secret de famille (sa grand-mère tira sur son mari un soir de 1919), mais le New-Yorkais n’en fit rien. Et de s’interroger sur les raisons d’une telle addiction, en remontant au temps de la préhistoire coloniale, soit cent quatre-vingts ans de conflit armé incessant contre les Indiens, et à l’époque de l’esclavage, qui a vu fleurir les « patrouilles d’esclaves ». Autant de circonstances qui conduisirent plus ou moins directement au fameux deuxième amendement, autorisant le port d’armes. Ajoutons à cela les ingrédients favoris des films américains, la fusillade et la poursuite en voiture, et l’on discerne les racines du mal. Pour enfoncer le clou, l’auteur égrène les tueries de masse (environ une par jour), perpétrées le plus souvent avec calme et méthode » par de jeunes hommes solitaires dans des écoles, églises, cinémas, cliniques, discothèques… Une effrayante litanie que le photographe Spencer Ostrander illustre ici avec les clichés en noir et blanc des lieux bafoués par cette folie humaine. Un ouvrage à méditer, et à offrir à tout ami américain.