Danielle Tartakowsky (dir.)
Tallandier, 530 p., 34,90 €
Excellent et bel ouvrage, illustré avec mesure, écrit par cinq historien(ne)s chevronné(e)s. La rue y est regardée comme le lieu de naissance et la forme d’expression des violences sociales et politiques, dont les modalités et les significations changent avec les siècles. Émeutes religieuses du xvi siècle, ou frumentaires et antifiscales de l’Ancien Régime, l’on passe aux journées révolutionnaires de 1789-1798, au triomphe de la barricade au xix siècle puis, vers 1900, à une forme plus ritualisée – que nous connaissons si bien –, la « manif ». Chapitre que chacun complétera en réfléchissant aux Gilets jaunes comme phénomène des ronds-points du monde périurbain. En filigrane, l’on comprend mieux un problème de fond du peuple français qui tend à opposer légalité et légitimité du pouvoir, et érige l’insurrection en droit sacré. La rue, une affaire bien française, en somme. Un régal de livre.