Le Journal du dimanche

Matisse, une famille en or

Paris, mercredi 13 avril 2022, siège de Christie’s. La commissairepriseure Victoire Gineste monte sur l’estrade devant une salle électrisée par la vente du jour: une succession Matisse. Celle d’une petite-fille du peintre, Jacqueline Matisse-Monnier (1931-2021). Ses quatre enfants vendent la collection maternelle, ce trésor avec lequel ils ont grandi comme d’autres avec les portraits de famille aux murs. Sauf qu’ici le portraitiste s’appelait Henri Matisse (1869-1954), monstre sacré de l’art du XXe siècle. La veille, devant un parterre d’invités triés sur le volet, l’aîné de la quatrième génération Matisse a raconté l’enfance, privilégiée et bohème, dans la grande maison proche de Fontainebleau. Beaucoup d’artistes de passage, leurs œuvres partout. Celles de l’aïeul, bien sûr (29 toiles et dessins en vente ce jour-là), mais aussi du père (l’un des plus grands galeristes et collectionneurs de son temps), du beau-père (Marcel Duchamp), du parrain (Miró), de l’amie d’enfance (Niki de Saint Phalle)… Et puis une fantastique baignoire-éléphant bleue de François-Xavier Lalanne (le voisin sculpteur), des lampadaires Giacometti, un monochrome d’Yves Klein, des tableaux signés Riopelle, Hantaï, Dubuffet, Christo, Raysse…

Quand Victoire Gineste repose le marteau, ce 13 avril, la vente totalise 40,5 millions d’euros. Cette fois, les Matisse doivent laisser transparaître le chiffre, une brèche inhabituelle dans leur rempart de discrétion. Pas d’entretien avec les médias, sauf événements exceptionnels – expositions, dons ou ventes. Pas de règlements de comptes publics comme chez les Picasso ni de controverses à la Nick Rodwell, le mari de Fanny (veuve) Hergé. Les Matisse[vos] nous répond la collaboratrice de cet arrière-petit-fils qui a créé, en octobre 2019, une société de design au nom du célèbre ancêtre – une première dans la famille, dont on ne saura pas ce qu’en pensent les autres descendants. [de ces sujets] nous écrit Georges Matisse, autre arrière-petit-fils, à la tête de la société familiale « historique », qui gère les droits liés à l’œuvre.

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