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Une bouffée de CBD

xpérimenté dans plusieurs pays, le cannabidiol (CBD), contenu à l’état naturel dans la plante de cannabis, a d’abord été présenté par ses promoteurs comme un remède miracle dans un grand nombre de pathologies. Mais les résultats des études scientifiques ont quelque montre que l’usage du CBD chez 144 des patients atteints de cancer en soins palliatifs n’apporte pas d’amélioration sur la qualité de vie globale, la fatigue, les nausées et les vomissements, la douleur ou la perte d’appétit. Ces résultats décevants, qui devront être confirmés par d’autres travaux incluant plus de participants, ne doivent pas pour autant masquer les autres qualités du CBD. Il possède notamment des propriétés sédatives, même s’il ne s’agit pas d’un hypnotique (comme les somnifères) au sens propre du terme. « Il peut être utile pour lutter contre l’insomnie, mais uniquement chez les personnes souffrant de douleurs et/ou d’anxiété », estime ainsi le Pr Pierre Philip, chef du service du sommeil du CHU de Bordeaux, dans son récent livre (Albin Michel). Et il n’entraîne pas, a priori, de comportements addictifs, contrairement aux somnifères, car il n’a pas d’effet euphorisant associé. Son usage prolongé reste tout de même déconseillé, puisque son action à long terme n’est pas encore connue. Chez les personnes sans pathologie, le CBD n’a en revanche aucune répercussion sur le sommeil, comme le montre un article publié en 2018 dans Front Pharmacol. Les scientifiques ont administré, chez des volontaires sains, soit une dose de 300 mg de CBD, soit un placebo, avant d’enregistrer leur nuit. Les résultats sur la durée et l’efficacité du sommeil sont spectaculairement identiques (368 minutes contre 369 et 87 % contre 85 %), ce qui suggère que « le sommeil lent profond n’est pas modifié par le CBD à forte dose », analyse le Pr Pierre Philip. Quant au cousin du CBD, le tétrahydrocannabinol (THC), il s’agit d’une substance qui a des effets euphorisants, mais qui augmente aussi le risque de complications psychiatriques, notamment les troubles de l’anxiété. « En période de sevrage, il existe un rebond anxieux important associé à des troubles du sommeil, ce qui explique que les consommateurs réguliers de cannabis ont besoin de fumer un joint pour s’endormir », écrit encore le Pr Philip. Le THC ne constitue donc pas une aide à l’endormissement, mais plutôt un produit qui augmente les troubles du sommeil.

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