coincée entre le vignoble de la Bourgogne, l’éternelle rivale, et celui d’Île-de-France – fort productif durant le Moyen Âge. Les vins rubis « de la rivière » (aujourd’hui la vallée de la Marne) durent même attendre le XVI siècle pour s’imposer à Reims lors des sacres des rois de France. Quant au blanc « mousseux», il n’en fut servi pour la première fois que pour le couronnement de Louis XV, en 1722. De ce passé », explique par exemple Michel Drappier, figure de la Côte des Bar, où le pinot noir règne. Le magicien d’Urville en livre aujourd’hui trois expressions: le rouge Permission, Perpétuité, issu d’une « réserve perpétuelle » de pinot noir vinifié en blanc, et « Trop m’en faut», un pur fromenteau, le nom local du pinot gris, cépage rare dans la région. À Bouzy (Marne), autre bastion historique du pinot noir, Jean-René Brice rappelle, lui, que son arrière-grand-père ne vinifiait que du « vin nature de Champagne», c’est-à-dire sans bulle. Sa maison compte parmi les références du cru. À quelques lieues, du côté de Vrigny, sur le versant nord de la Montagne de Reims, Edgar et Louise Coulon, neuvième génération de vignerons, proposent deux nouvelles sélections parcellaires de coteaux-champenois rouges à l’empreinte subtile et savoureuse: Les Champs Chevalier (pinot noir) et Mont Moine (un pur meunier). Même si la production de vin tranquille ne représente seulement que 0,7 % des expéditions de la Champagne, force est de constater que l’engouement est général: « observe Jean-René Brice. » Des flacons que s’arrachent cavistes pointus et sommeliers d’établissements étoilés. C’est que la qualité de ces vins a accompli un bond spectaculaire.
