L’image est un photomontage aux proportions aléatoires – Photoshop n’existe pas encore. En février 1973, Marie Claire met en scène Georges Pompidou, président d’une France qui ne compte que huit députées au milieu de 479 hommes à l’Assemblée nationale, entouré d’un gouvernement 100 % féminin. Aux excuses fallacieuses justifiant leur absence à des postes de pouvoir – « On n’a pas trouvé de candidates, on vise d’abord les compétences… » –, le magazine oppose et propose une femme « possédant l’autorité et la compétence nécessaire » à la tête de tous les ministères dont: Françoise Giroud, directrice de L’Express, porte-parole; Anne Chopinet, sortie major de l’École polythechnique, à la Défense nationale; Évelyne Sullerot, cofondatrice de la Maternité heureuse, à la Promotion des femmes; Menie Grégoire, collaboratrice comme elle à Marie Claire, garde des Sceaux; la Première ministre est… Simone Veil.
Un coup médiatique bluffant: cinquante ans plus tard, on se dit que la rédaction a eu un sacré flair en choisissant celle qui deviendra une icône. Alors secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, peu connue du grand public, Simone Veil est présentée comme Qu’il faille publier un photomontage ou un thriller politique d’anticipation pour imaginer des femmes capables d’exercer le pouvoir en dit long sur l’époque.