Chaque année, au Salon de Milan, sur le grand stand d’Edra plongé dans une fausse pénombre propre à exalter notre jugement sous mille reflets de miroirs et d’éclairages savants, les meubles semblent toujours luire d’une audace nouvelle. L’excentricité a claqué dès les débuts de l’éditeur de mobilier, sous la houlette volcanique du directeur artistique Massimo Morozzi, qui l’a engagé avec beaucoup d’assurance vers les créateurs les plus originaux. Avec lui, dès la fin des années 80, les fondateurs, Valerio et Monica Mazzei, ont orienté l’entreprise familiale vers le design contemporain, pas le plus consensuel mais le plus entier. Dans le Paris des années 90, les assistants de rédactrices en chef de retour du Salon du meuble de Milan découvraient dans d’épais catalogues des pièces qui laissaient parfois sceptiques. À l’époque, la future designer Inga Sempé, passant chaque jour devant la seule vitrine de son quartier présentant du mobilier Edra, n’imaginait pas un jour réaliser chez eux le canapé Chantilly d’anthologie.
Massimo Morozzi aimait pousser les designers dans leurs éventuels retranchements.Avec les frères Humberto et