Vendredi 23 septembre, au petit matin. Le boulevard Diderot, dans le XIIe arrondissement de Paris, grouille de voyageurs qui pressent le pas vers la gare de Lyon, s’engouffrent dans les taxis ou dans les bouches de métro. François Ruffin, lui, traverse la foule à contresens, un sac sur l’épaule, le regard ferme, le sourcil broussailleux. Direction L’Européen, une brasserie au cadre Art déco où Olivier Faure a ses habitudes. Le patron du Parti socialiste lui a donné rendez-vous là-bas. Les deux hommes se croisent depuis 2017 dans les couloirs de l’Assemblée nationale, se parlent, mais des tête-à-tête comme celui-ci, c’est sans doute une première.
Devant leurs cafés fumants, Ruffin bavarde et Faure écoute. Le député de la Somme parle sans ambages, dit chercher encore le chemin pour parvenir à la victoire de la gauche. Sa voix chevrote. Il fait de si longues pauses au milieu