UILLET 1998. Tandis que la bande à Zidane atteint le Graal footballistique et fait chavirer de joie tout un pays, les supporters des Bleus se dandinent en rythme sur un tube devenu synonyme de bonheur collectif: “I Will Survive”. Un peu par hasard, le titre de Gloria Gaynor connaît alors une seconde jeunesse et permet de fixer un moment aussi rare qu’éphémère: celui de l’utopie “black-blancbeur”, tangible le temps d’un été seulement. Par le passé, Denise Fabre, Monty (l’auteur du célèbre “”!) ou encore Johnny Hallyday s’étaient essayés au même exercice mêlant foot et musique. Pour un résultat globalement identique: des chansons aisément dispensables, oscillant entre kitsch et grandiloquence, aux refrains pauvres mais entêtants. Retour en 2022. En dépit de la grand-messe annoncée à l’occasion du Mondial qatari, les fans n’ont pas tous la tête à danser. En témoignent la campagne et la pétition “Ramener la coupe à la raison” lancées par Amnesty International, clin d’œil à la chanson du rappeur Vegedream ayant accompagné l’épopée victorieuse des Bleus en 2018. Par la voix de ses porte-parole, Lola Schulmann et Camille Dechambre, l’ONG, qui entend ainsi défendre les droits de milliers de travailleuses et travailleurs migrants ’ ’ Pour contrer une opposition qui monte au point de ruiner la fête initialement annoncée, l’émirat du Golfe contreattaque. À grand renfort de storytelling, d’invitations lancées à des influenceurs du monde entier pour raconter, sur place, une autre réalité et de contre-enquêtes minimisant les faits exposés, le Qatar tente de reprendre la main.
