ille fois entonnée, la complainte contre le capitalisme de surveillance et ses saints patrons – les Google, Facebook, Amazon et consorts – n'a rien d'original. L'intérêt, est précisément d'élargir le débat dans l'espoir de dessiller les yeux du lecteur sur la société de contrôle dans laquelle nous sommes déjà immergés, et que Michel Foucault avait si puissamment anticipée. Si les plateformes nous enchaînent par l'aliénation et le conformisme qu'elles suscitent, tout en pillant allègrement nos données, elles favorisent aussi l'essor d'une surveillance non moins terrifiante aux yeux de ce spécialiste du communisme: celle de l'État. Jamais les pouvoirs publics, en démocratie comme en dictature, n'avaient eu à leur disposition autant d'outils pour pister les individus tenus pour suspects: identification des internautes, croisement de données, géolocalisation, caméras… Les citoyens eux-mêmes sont invités à prêter leur concours au nom du bien commun: à Nice, la municipalité teste une application permettant à un particulier témoin d'un délit de prendre des photos de la scène et de la transmettre dans la foulée à la police. On est encore loin des cités orwelliennes à la chinoise, mais prenons garde, prévient l'auteur. Car même au doux pays de Xi Jinping, les pouvoirs publics prétendent agir pour le salut de la collectivité. Et en matière de sécurité, les techniques de surveillance disponibles finissent toujours par être utilisées.
Thierry Wolton Les Nouvelles Routes de notre servitude
Oct 31, 2022
1 minute
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