“Elle entrait dans une pièce comme Katharine Hepburn franchissait la porte d’un saloon. Vlan! Une allure, une présence, du bruit et une voix grave, proche de celle de Lauren. Portrait en creux signé par la journaliste emportée par un de ses diptyques découvert au MoMA de New York. Elle a eu envie de raconter la vie de cette artiste née en 1925, “trop américaine, trop caractérielle, trop alcoolique, trop libre, trop peu la femme de…”. La Fondation Louis Vuitton expose Joan Mitchell et met ses toiles en dialogue avec celles de Claude Monet, elle qui vivait et peignait dans sa maison de Vétheuil, petit village situé juste en face de Giverny où l’impressionniste est mort quarante ans plus tôt. Pourtant, elle n’aimait pas beaucoup qu’on les compare et n’hésitait pas à insulter les critiques qui s’y hasardaient, affirmant préférer Cézanne, Matisse ou Van Gogh, dont la découverte, à 11 ans, des à l’Art Institute de Chicago, avait décidé de sa vocation. En caricaturant un peu, la peinture de Joan Mitchell, c’est du Monet vu d’un peu plus loin. Ils ne peignaient pas de la même façon, ils peignaient les mêmes fleurs, la même lumière. Et leur face-à-face accouche d’une exposition en forme de dialogue musclé entre deux artistes inimitables.
