«Qui commande sur mer possède un grand pouvoir sur terre ». Cette maxime du cardinal de Richelieu, reprise par le président Chirac, grand ami du Liban, colle à la nouvelle stature du PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé. C’est d’ailleurs l’ancien président de la République qui avait permis à son père, Jacques Saadé, de racheter en 1996 la Compagnie générale maritime (CGM), une petite entreprise publique faisant la navette entre les Antilles et la métropole. Pour 20 millions de francs, Jacques Saadé amarre la CGM à sa Compagnie maritime d’affrètement (CMA) fondée sur le port de Marseille en 1978, après la fuite de sa famille du pays du Cèdre, en proie à la guerre civile.
Dans les années 1980, la CMA CGM possède juste un petit entrepôt non loin des docks dans le quartier de la Joliette, un bateau et quatre salariés. Près de quarante ans plus tard, c’est devenu un empire du trafic maritime et logistique mondial (22 millions de conteneurs transportés par an) qui a dégagé 15 milliards d’euros de bénéfices sur les six premiers mois de 2022, après un exercice 2021 déjà record (17 milliards d’euros). Le grand écart par rapport aux années précédentes, qui voyaient le groupe alterner comptes dans le rouge (2016, 2019)