C’était en 2003, bien avant l’épidémie de Covid-19. Ce jour-là, à Marseille, un professeur encore inconnu du grand public, Didier Raoult, sort de son laboratoire situé à la faculté de médecine. Le futur patron de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU-MI) est accompagné de l’un de ses proches collaborateurs, lui aussi professeur de haut vol. Les deux mandarins partent siéger dans un jury universitaire à l’autre bout de Marseille. Didier Raoult s’assied côté passager et se tourne vers son confrère : « Tu sais pourquoi c’est moi qui suis assis là et c’est toi qui conduis ? » Silence interloqué. Didier Raoult poursuit : « Parce que c’est moi le chef et qui donne les ordres. » Cette petite cruauté gratuite est l’une des marques du professeur Raoult, tout autant que l’autoritarisme et le refus de la critique. À l’IHU de Marseille, ce monde d’humiliations et de brimades en vase clos aurait dérivé jusqu’à constituer l’ahurissante liste de manquements scientifiques et médicaux citée par le rapport Igas-IGESR (inspection générale des affaires sociales, inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche) publié le 5 septembre. Procédure rarissime, le même jour, les deux ministres de tutelle (Santé, Enseignement supérieur et Recherche) saisissent le parquet de Marseille, qui ouvre une information judiciaire à l’encontre du microbiologiste désormais le plus célèbre de France pour « délits ou manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche ».
Par sa date de publication (cinq jours après la mise à la retraite forcée de l’indéboulonnable professeur, 70 n2017-093, missionné par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.