1 Trois trios concertants op. 1
Dans les pas de Beethoven (1840?-1843)
En 1843, César-Auguste Franck frappe fort avec son Opus 1. Le parallèle s’impose avec Beethoven qui, à vingt-quatre ans, faisait paraître ses trois Trios pour piano, violon et vio
loncelle op.1. Le jeune Wallon, arrivé de Liège à Paris en 1835 pour parfaire ses études au Conservatoire, signe là une œuvre maîtrisée. Faisant la part belle au piano, dont il est virtuose, il joue la carte de la variété. Le deuxième, intitulé « trio de salon », est plutôt schubertien avec sa sérénade pastorale et son Minuetto intermédiaires, à l’opposé du troisième, très beethovénien, d’un romantisme exacerbé, quasi crépusculaire. Consulté, Franz Liszt conseillera d’en détacher le finale primitif pour le publier séparément comme 4e Trio concertant op. 2. Déjà, Franck montre sa prédilection pour le canon (finale du 2e), la fugue et le choral (finale du 3e).
Le plus « Franck » des trois trios est assurément le premier – le préféré de Liszt. Au début du XXe siècle, Vincent d’Indy y verra l’acte de naissance de la « forme cyclique », qui gouverne tous les chefs-d’œuvre de la maturité franckienne, et désignera son auteur comme l’héritier du maître de Bonn. Tout Franck est déjà là: unité, symbolique et dialectique thématiques et tonales, inspiration mélodique étrangement prenante, art de la combinatoire donnant une dimension quasi psychologique à la confrontation de thèmes personnages. L’Andante con moto en fa dièse mineur/majeur expose les deux thèmes fondateurs: l’un, noble et grave, contrepointé par un inexorable rythme de marche, sera l’objet de multiples transformations; l’autre, rayonnant et chaleureux, restera immuable tout au long des trois mouvements. Suit un alerte scherzo à deux trios en si mineur/majeur, qui s’enchaîne à l’Allegro maestoso final en fa dièse majeur conclu par la reprise triomphale du second thème cyclique.
A écouter: Frank Braley (piano), Anna Agafia Egholm (violon), Ari Evan (violoncelle). Fuga Libera, 2021.
2 Messe à trois voix op. 12
A Sainte-Clotilde (1860)
Après des débuts prometteurs et le succès de son églogue biblique (1845), Franck connaît une longue traversée du désert. Fixé définitivement à Paris, il épouse en février 1848 – en pleine révolution! – une de ses élèves, Félicité Desmousseaux, qui lui donnera deux fils. Il mène désormais une existence laborieuse de professeur de piano, tout en s’orientant vers la carrière de musicien d’église. Nommé en 1857 maître de chapelle à Sainte-Clotilde, récemment édifiée dans le 7 arrondissement, il compose principalement pour le culte, en particulier sa , créée en avril 1861 et plusieurs
