Lisbonne, table ouverte
sont comme les adolescents. Ils sont capables de parler fort courtoisement à leurs parents et s’entretenir en termes de racaille avec leurs amis. Á Lisbonne, c’est un peu comme cela. Il y a la belle devanture idéalisant une scène gastronomique parfaite, ingénieuse et locavore. Et puis, il y a une réalité plus triviale, mais tout aussi réjouissante. Car la capitale du Portugal a l’immense avantage d’offrir une copie quasiment blanche, ouverte et décomplexée. Mieux encore, depuis que les valeurs traditionnelles du vieux monde s’effritent de partout, Lisbonne a la chance d’avoir du soleil, des plages, de la défiscalisation et une ondée rafraîchissante d’influences New Age. On accourt de la terre entière (Hong Kong, Los Angeles, Londres, Paris…) en tribus, bandes, communautés, avec la Golden Visa pour gentrifier le centre de la ville. Ces hippies chic au teint abricot réclament déjà leur eau Fiji, la le spritz vespéral, le kombucha et les amandes de NoLIta, à Manhattan… Résultat: la table vibre, progresse, sourit avec une nouvelle génération habile, délurée, loin du cliché du (morue) vous desséchant le bec et les patates faisant le guet au coin de l’assiette. Pourtant, il faudrait commencer par là, précisément, histoire de savourer l’amplitude de la ville. Ce dimanche midi, au restaurant Galeto, avenida da República, dans le nord s’impose à la verticale. Quatre petites pommes de terre ponctuent l’assiette. De partout, des solitaires, des familles, des couples extraits de leurs draps, des p’tits vieux, des esseulés. C’est magnifique de vie. Le service sinue dans les entrelacs, on sauce, on réclame. C’est Lisbonne dans sa joie de vie, ses physionomies enrobées, mais si sages, car, ici, chose fondamentale: on est latin. Pas méditerranéen. s’exclame Carlos, un gourmand déclaré, La veille, en sa compagnie, dans un autre restaurant lisboète, Magano: même entrain gourmand, des tables solides, prêtes
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits