Côté Paris

L’ÉDITO

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« La broderie invite à la patience, elle impose sa mesure ». Broderie et temps suspendu, tel est le territoire d'expression de Célia Bruneau.

Investir le ciel, inviter la nature, naviguer en eaux calmes sur la Seine, voyager par recettes interposées, inverser le sens du courant de étage, elle se poursuit sous la forme d’un kaléidoscope géant au 16 étage, avec pour impression très singulière, d’avoir la tête dans les étoiles ou les nuages. Poésie urbaine d’un moment et traduction d’un champ des possibles conjuguant un désir ardent de repenser les modèles. N’en déplaise à nos habitudes de citadins, l’histoire peut s’écrire autrement. Et s’appuyant sur des profils atypiques comme ce navigateur qui aura choisi la Seine à la mer, ou comme l’architecte Valérie Mazerat qui depuis plus de dix ans vit un pied sur terre, l’autre sur son bateau, on se dit que Paris est peuplé d’électrons libres, les exemples en sont multiples. Ces existences ancrées dans le réel, s’attachent souvent à s’en libérer. En dessinant, comme Louis Thomas, ou en piquant à l’aiguille, comme Célia Bruneau, qui de leur belvédère de Montmartre croque pour l’un et brode pour l’autre, s’inventant des imaginaires aux contours volontairement imprécis. Un repaire cousu de fil blanc et de coups de pinceaux inspirés. En habitants du ciel de Paris, ils s’offrent une vision grand écran sur la ville. Plus loin, vers le Panthéon, c’est le monde d’Ariane Dalle qui s’exprime et foisonne de références. Chercheuse en univers textiles, elle est la talentueuse directrice artistique de la maison Élitis, mais aussi une passionnée d’objets qu’elle compile jusqu’à la collection. Elle vit dans un espace joyeusement bavard qui contraste avec la personnalité tout en nuances de la créatrice. Même singularité, même aspérité pour le triplex reconsidéré par l’architecte Chadi Abou Jaoude qui ouvre sur un rooftop et une cuisine d’extérieur, là, où le grand espace circulaire de Nathalie Blanc déroule une sérénité du quotidien. Ce temps suspendu, cette capacité à l’émerveillement, Albert Kahn en son temps, en fit son trésor le plus précieux. En riche homme d’affaires peu captivé par l’argent, mais passionné de botanique, il œuvra au dialogue entre les hommes. Sans forcément marquer les esprits, il laisse derrière lui un rêve en forme de jardin extraordinaire. L’architecte japonais Kengo Kuma livre aujourd’hui un projet à la mémoire de ses collections. Une saison qui met bel et bien tous les jardins secrets à l’honneur.

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