Dès son arrivée au Caire, les contrariétés se succédèrent.
A l’aéroport, Alice, n’arrivant pas à mettre la main sur son passeport, vida son sac à main par terre. Les douaniers qui contrôlaient les bagages mirent ensuite le désordre dans les vêtements qu’elle avait pliés avec minutie. Ça commence bien, pesta-t-elle en remettant à la hâte dans sa valise tout ce qui avait été déballé. Une fois sortie de l’aéroport, elle se dirigea vers les chauffeurs qui attendaient leur voyageur, écriteau à la main. Quand elle repéra l’écriteau avec M. et Mme Richard, elle se dirigea vers le chauffeur. Sauf qu’il n’y avait que Mme Richard. M. Richard avait décidé de rester en France. Ça n’avait d’ailleurs jamais été son mari ! Eddy était contre le mariage : il craignait que leur couple ne périclite à la minute où ils auraient signé « ces fichus papiers ». Mais ils n’avaient pas eu besoin de se marier pour se séparer…
Cette année à l’étranger, c’était pourtant l’idée d’Eddy. S’engager dans cette aventure avec son homme la remplissait de joie : il y aurait tant de choses à découvrir dans un pays si différent du leur ! Cela faisait cinq ans qu’elle demandait sa mutation, mais rien ne se passait. Maintenant qu’elle avait enfin eu un poste au lycée international français, il ne voulait plus venir. Pire : il l’avait quittée ! Ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre, cela devenait de plus en plus évident. Il valait mieux en rester là, avait-il conclu.
Alice s’était écroulée. Elle voulut tout annuler, mais sa meilleure amie lui conseilla de partir seule. Ce serait un nouveau commencement, l’occasion d’oublier ce lâche d’Eddy, de se changer les idées. Elle n’avait plus d’attaches à Lille.
Son appartement était déjà reloué, elle avait perdu son poste de titulaire en se mettant en disponibilité, elle ne pouvait plus faire machine arrière. Cette expérience allait l’enrichir et la revigorer, elle devait y aller. Clara savait
