Année bleue pour l’océan Indien, One Ocean Summit à Brest, Blue Climate Summit en Polynésie française, sommet de l’Onu sur l’océan au Portugal… Les grands rendez-vous se succèdent, attestant de l’urgence à prendre soin de l’océan dans un contexte de crise climatique majeure. Car cette masse d’eau qui représente près de 71 % de la surface de la planète en est le thermostat, le régulateur du climat. La circulation océanique globale et l’inertie thermique (l’océan se réchauffe et se refroidit très lentement) régulent la température de la planète : les échanges et transferts de chaleur avec l’atmosphère permettent, par exemple, d’avoir un climat tempéré en Europe, grâce à la chaleur récupérée aux tropiques et portée par le courant marin à travers l’Atlantique.
Le réchauffement climatique engendré par l’augmentation rapide des gaz à effet de serre vient perturber cet équilibre. Les courants marins sont modifiés par l’arrivée massive d’eau douce et froide due à la fonte des glaces. Les espèces de la faune marine ne sont pas acclimatées : la composition planctonique à la base de la chaîne alimentaire est transformée, les poissons fuient leurs habitats. La température plus élevée abaisse le coefficient de solubilité de l’oxygène dans la mer : avec une eau à la teneur en oxygène réduite, certaines zones atteignent un niveau critique, hypoxique, engendrant la mort des poissons. L’impact sur les populations côtières est d’autant plus important que leur économie repose sur la pêche et l’aquaculture. Et l’augmentation du CO2 atmosphérique aboutit à une acidification des eaux, qui “pompent” ce gaz et le stockent dans les profondeurs. Cette acidification entrave la calcification et a un premier impact délétère sur tous les organismes ayant une carapace, une cuticule ou une coquille en carbonate de calcium.
D’ici à 2030, c’est encore faisable. L’océan a une formidable capacité de résilience. Il suffit d’arrêter de tuer la vie marine et de lui laisser du temps