Avec ses 500 millions de neurones (soit à peu près autant qu’un ouistiti), le poulpe commun est l’invertébré le mieux doté. Grâce à eux, l’animal voit, goûte, touche, souffre, agit et pense à sa façon. Mais comment ? Qu’est-ce que cela fait d’être un poulpe ? Cela fait-il seulement quelque chose ?
Se poser cette question, c’est se demander si le poulpe possède une conscience, à quoi ressemblent ses sensations. C’est aller à la rencontre d’une cognition complexe, mais qui n’a rien à voir avec la nôtre : les deux ont évolué chacune de leur côté pendant plus de 600 millions d’années. Si l’on peut tenter d’imaginer l’expérience cognitive vécue par un chimpanzé, par exemple, celle du poulpe, elle, nous est tout à fait étrangère.
L’exercice est d’autant plus audacieux qu’il n’existe pas de définition consensuelle de la conscience. Prise au sens le plus primaire, la “conscience d’accès” est ce que l’on perd quand on tombe dans un sommeil sans rêve, avance le neurobiologiste américain David Edelman. Un poulpe qui sort de sa tanière se sent-il ébloui par la lumière extérieure ? Tenaillé par la faim, excité par la chasse, stressé de s’exposer à d’éventuels prédateurs ? Et tout cela en même temps ?