Les brumes du loch d’Ambers

eony Donovan dirigeait d’une main de maître sa vieille voiture sur les routes sinueuses de Fortrose situé à une quinzaine de kilomètres d’Inverness où elle habitait. Elle était infirmière et se rendait au château d’Ambers pour les soins du vieux laird, Sholto MacRoss, qui se mourait. En ce début du mois de mars, les chutes de neige étaient encore abondantes dans les Highlands et Peony, digne fille de ces terres montagneuses, ne se lassait pas d’admirer les courbes figées dans un manteau blanc immaculé. Bientôt, le château d’Ambers bâti de pierres en granit rouge ocre perça tel un point lumineux à travers les brumes matinales du loch éponyme voisin.

Donaldbain MacRoss, l’ancêtre qui avait combattu aux côtés de Robert Bruce pour l’indépendance de l’Ecosse avait reçu les terres entourant le loch à Fortrose comme récompense. Donaldbain avait bâti le château avec ces fameuses pierres de granit rouge ocre et l’avait nommé Ambers en hommage à Amber, son épouse. Il fit ainsi d’une pierre deux coups. C’était le cas de le dire car Ambers dérivait de « Embers » qui signifiait braises. Le château semblait enflammé, projetant ses braises incandescentes à travers les brumes émanant du loch.

Quand Peony arriva au château, elle fut accueillie par sa tante Clodagh qui avait toujours travaillé là. Elle était la gouvernante en titre.

Clodagh Drummond, qui était née la même année que Sholto MacRoss, avait 80 ans et en paraissait vingt de moins. Contrairement au vieux laird, elle affichait une santé de fer. Clodagh était l’âme du château d’Ambers.

– Comment va-t-il ce matin ? demanda Peony à la vieille dame en lui claquant la bise.

– Ni mieux ni pire. Il réclame constamment Liam. Dès sa majorité, Liam MacRoss s’était empressé de quitter l’Ecosse pour les Etats-Unis où il vivait depuis désormais vingt ans. Il avait coupé les liens avec son père et ses racines écossaises. Liam avait grandi en orphelin, avec un