Via Turonensis, le grand chemin
On doit rendre visite, sur les bords de la Loire, au vénérable corps de saint Martin, évêque et confesseur. C’est là qu’il est, lui qui ressuscita glorieusement trois morts et rendit à la santé qu’ils souhaitaient lépreux, énergumènes, infirmes, lunatiques et démoniaques ainsi que d’autres malades », peut-on lire dans le Guide du pèlerin. Ainsi la ville de Tours a-t-elle donné son nom à l’un des quatre grands chemins symboliques menant à Saint-Jacques-de-Compostelle, « l’un des deux seuls, avec la voie d’Arles, réellement parcourus par les pèlerins jusqu’au XXe siècle », précise l’historienne Adeline Rucquoi, directrice de recherche émérite au CNRS et membre du Comité international des experts du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. « Ceux du nord de la Loire passaient par Paris, Orléans, suivaient la rive gauche de la Loire et bifurquaient vers Châtellerault, sans passer par Tours. Ils suivaient ensuite le chemin par Poitiers, Aulnay, Saintes, Bor deaux, où les rejoignaient parfois les pèlerins venus des ports anglais ». Pour autant, il existe presque autant de façons de se rendre à Compostelle que de pèlerins. Et si, dans l’histoire récente, cette « voie de Tours » est devenue un itinéraire bien balisé, à vocation touristique, plusieurs des édifices que l’on y fait aujourd’hui figurer n’avaient à l’origine que bien peu de liens avec le pèlerinage… Même ceux mentionnés au XIIe siècle par Aimery Picaud, qui fait dans ses écrits la part belle à la voie de Tours. « Certains spécialistes estiment que c’est parce que Picaud sourit Christian Gensbeitel, médiéviste et historien de l’art au sein d’Archéosciences, à l’Université Bordeaux Montaigne.
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