C’est certainement l’un des endroits les plus hostiles de la planète. Les vagues y mesurent plus de 20 m, les rafales de vent dépassent les 250 km/h. S’y ajoutent des courants rapides et turbulents, des eaux glacées, hachées, parcourues de redoutables icebergs… La zone la plus reculée de l’océan Austral n’a rien d’un lieu de villégiature. Son courant circumpolaire tourne inlassablement autour de l’Antarctique, accéléré sans cesse par la force de Coriolis et l’absence d’obstacles. Chaque expédition y est une véritable mission. Et c’est pourtant bien là que Jean-Louis Étienne, explorateur et “entrepreneur de l’aventure”, comme il se définit lui-même, œuvre à installer un laboratoire flottant dernier cri. Un bateau vertical baptisé Polar Pod, développé en collaboration avec 43 institutions scientifiques issues de 12 pays, naviguera bientôt, et pour plusieurs années, dans ces eaux déchaînées.
Pourquoi là-bas ? Pas seulement pour l’amour du risque, nous affirme Jean-Louis Étienne, l’homme qui s’est notamment rendu à pied aux deux pôles et appartient désormais à la prestigieuse Académie des technologies. Et ici, les inconnues scientifiques sont énormes. Car cette région dite des “cinquantièmes hurlants”, en référence à la violence des vents sévissant entre le 50et le 55e parallèle, est un point névralgique de l’océan