PARTIE I L’ACTRICE Naissance d’une star
Dans une rue calme, un immeuble discret. Un ascenseur jusqu’au bout, puis un étage à pied. Un appartement sous les toits. L’entrée file droit pour s’ouvrir sur un salon sans ostentation. Elle se pose sur le canapé. Pull vert, jean bleu, bottines noires. Sa tessiture, si particulière. D’emblée, elle avoue sa crainte de se répéter. N’at-on pas déjà tout dit ? Nathalie Baye, la sage. Parmi les grandes actrices de son envergure, chacune a sa réputation collée comme un masque au visage. Catherine Deneuve, trop froide. Isabelle Adjani, trop lointaine. Carole Bouquet, trop belle. Isabelle Huppert, trop cérébrale. Nathalie Baye est celle qui fait le moins rêver parmi les grandes stars françaises. On l’imagine raisonnable et tempérée, comme une écolière tirée à quatre épingles. Mais la réputation ne résiste pas à la réalité. Elle a été adoubée par les cinéastes les plus exigeants (François Truffaut, Maurice Pialat, Jean-Luc Godard) ; elle a donné la réplique à des monstres sacrés (Gérard Depardieu, Alain Delon) ; elle a vécu des histoires d’amour avec des hommes à l’âme brûlée (Philippe Léotard, Johnny Hallyday). À chaque fois, elle a fait face, elle a fait front. Nathalie Baye gagne des centimètres dans les épreuves.
Un après-midi de mai. Les bruits de la vie. Son portable émet un son de grillon métallique ; son chat miaule pour entrer dans la pièce ; sa fille l’appelle pour lui enjoindre de veiller sur sa santé. Durant son adolescence, aucun rêve de cinéma. Nathalie Baye reste tout entière requiseLe cinéma est venu à elle. Nathalie Baye intègre, à 14 ans, une école de danse à Monaco. La jeune fille s’envole pour les États-Unis à 17 ans, afin de poursuivre sa formation artistique. Là-bas, elle travaille. L’actrice a été vertébrée par les cours de danse russe. Une école de la patience, de la rigueur.
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