Planteurs de vanille
La récolte des gousses de vanille allait bientôt commencer et, comme chaque année, Fanja ne tenait plus en place, partagée entre espoir et anxiété. La dernière récolte l’avait déçue, non pas en qualité, mais parce que l’acheteur d’Antalaha ne lui avait pas payé le prix escompté.
Fanja avait pourtant amélioré la qualité de ses gousses, investi dans de nouveaux plants plus fructifères ; elle avait modernisé l’exploitation, elle avait même investi dans l’achat d’un tuk-tuk reconverti en camionnette pour emporter plus de « malles » de vanille à vendre. Elle s’était endettée, misant sur le cours élevé de la vanille ces derniers temps, mais la politique locale, les vols à répétition, les réglementations de plus en plus draconiennes défavorisaient les acheteurs de petites exploitations au profit des gros producteurs qui vendaient directement à l’étranger.
Ce jour-là, le taxi-brousse la ramenait d’Antalaha où elle était allée renouveler le matériel de séchage des gousses de vanille. Il la déposa près de son village qui se lovait sur la pente des collines luxuriantes de la Sava, célèbre pour sa production de vanille Bourbon, à l’est de Madagascar. On aurait cru un paradis.
Ce n’en était pas un pour la jeune femme qui avait hérité cette petite plantation de ses parents morts brutalement. Ses frères et sœurs avaient préféré s’exiler en ville et même à l’étranger : elle seule avait repris l’exploitation. Par fidélité à ce qu’avait créé sa famille avant elle. Par goût aussi. D’un naturel indépendant, enfant, elle préférait suivre son père en train de polliniser à l’époque de la floraison plutôt que fréquenter l’école. Adulte, elle s’était montrée à la fois compétente et bonne gestionnaire. La plantation Nirina avait prospéré ces dernières années, avant que le marché ne se désorganise, avant que le prix de la vanille n’excite les voleurs et n’oblige les planteurs à payer des milices, avant
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits