A Stanislas, l’éducation à la « pudeur » féminine
C’était il y a trois mois, ou « peut-être deux ». Sarah* n’a plus les souvenirs très clairs, tant l’expérience qu’elle a vécue l’a « choquée ». Dans le cadre des trois séances annuelles d’éducation à la sexualité, prévues par la loi depuis 2001, la collégienne de 14 ans a appris qu’elle devait « être pudique, afin de ne pas être l’objet du regard des garçons ». « La prof disait que c’était le message de notre corps, lorsqu’à la puberté des poils commencent à couvrir notre appareil génital », relate-t-elle. Marie*, une autre collégienne, abonde : « Pour elle, les garçons avaient des pulsions de vie, et il fallait s’y adapter. Comme tout le monde a peur d’être viré, personne n’a osé la contredire. »
Les deux élèves étudient à Stanislas, classé meilleur collège et lycée de France en 2022. Avant elles, le général de Gaulle, le prince Albert de Monaco, Martin Bouygues, Carlos Ghosn, François Baroin ou Jean-Michel Blanquer ont côtoyé cet établissement privé du VIe arrondissement de Paris, qui se veut l’école de l’excellence, d’obédience catholique et conservatrice. Inès de Franclieu, l’enseignante à laquelle font référence les collégiennes, incarne parfaitement cette idéologie. Cette « spécialiste de l’éducation affective et sexuelle », fondatrice en 2011 de l’association Com' je t’aime, intervient chaque année dans le prestigieux établissement. En 2016, celle-ci a écrit , un livre pour les 5-12 ans, dans lequel le contenu de ses cours apparaît explicitement. « Les pulsions de vie, les pulsions sexuelles, sont particulièrement fortes chez le garçon, et elles sont belles » ; « Parfois la façon dont la fille s’habille ne respecte pas assez son intimité. Elle ne réalise pas que le garçon aura plus de mal à maîtriser son regard », peut-on ainsi lire. Plus loin, la « spécialiste » est plus directe : « Toi, jeune fille au fond de ton coeur tu ne souhaites pas être considérée comme un objet. […] Fais donc en sorte de ne pas provoquer le regard du garçon. La façon dont tu t’habilles aidera ou non le garçon à maîtriser son regard, et donc aussi ses gestes. »
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