De l’art de la chronique
’est tout un art d’écrire une chronique mais, rassurez-vous, cela ne fait pas pour autant de tout chroniqueur un artiste. Rares sont les virtuoses, y compris parmi les écrivains. Beaucoup s’y sont essayés, parfois avec succès: Proust, qui assura brièvement une « chronique de salon » sous le pseudonyme shakespearien d’Horatio dans les pages mondaines du ; Colette, assidue aux procès, qui tint une « chronique d’allure judiciaire » dans les journaux; des années 1930; Vialatte, qui retombait sur ses pieds à l’issue de chacune de ses chroniques dans , qu’elles traitassent de l’âge du premier homme ou des moeurs de la chèvre, par « Et c’est ainsi qu’Allah est grand »; Duras, qui se fit chroniqueuse de l’actualité parallèle à l’actualité politique, celle des traces laissées par le passage du temps, chaque mercredi de l’été 1980 dans ; Bernard Frank dans un cas, car quel qu’ait été le sujet de sa chronique, on était à peu près sûr d’y croiser les juifs, le maréchal Pétain, le signalement d’une bonne bouteille et l’adresse d’un restaurant; et tant d’autres, Morand, Aymé, Calet, Perret, Nimier, Audiberti, Blondin… Bref, on mesure à cet inventaire à quel point l’art de la chronique est patiné.
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