Florent Marchet
vec son galurin mou et ses cheveux emmêlés, il ressemble à une version 2022 du Chapelier fou d’ même si, à la place du thé attendu, il commande une tisane. À 46 ans, Florent Marchet a l’air d’un éternel jeune homme. « Ado, c’est vrai que je ne voulais pas devenir adulte, confie-t-il. Je ne voulais pas être sérieux, responsable, avoir des paru en 2020 chez Stock). Le voilà pourtant qui publie un cinquième opus, le magnifique « L’industrie musicale et sa logique marchande m’avaient dégoûté des albums, et même du plaisir de monter sur scène. Et puis je me suis remis à écrire des chansons par hasard. » Le hasard, en l’occurrence, a quatre pattes et une langue pendante. Car il faut bien promener Raymond (pour Raymond Radiguet, l’écrivain), le chien dont il a fait l’acquisition pour faire plaisir à ses deux enfants de 10 et 14 ans. Et Florent Marchet, à force de sortir Raymond, le soir, dans sa banlieue près de Maisons-Alfort, se sent inspiré par ces pavillons proprets à la ou où il est de bon ton d’avoir un SUV, un écran plasma et de la végétation en plastique dans son jardin. « J’ai même un voisin qui a fait fortune en inventant un tire-bouchon qui chante jure-t-il. Le voilà écrivant une dizaine de morceaux autobiographiques (dont un d’anthologie) à la fois drôles, mélancoliques et ambitieux, qu’il joue à sa famille avant de signer dans une nouvelle maison de disques et de partir en tournée piano-voix dans toute la France. Un retour aux sources pour le chanteur berrichon qui rêvait, à 15 ans, de quitter son village natal pour devenir artiste. « Je détestais l’école et les sévices corporels violents que les profs nous infligeaient. Et puis mon père, qui l’avait quittée en troisième pour devenir employé de banque, et ma mère, institutrice, avaient monté une association et faisaient venir des artistes dans l’ancienne salle des fêtes. Tous ces musiciens qui défilaient à la maison me faisaient rêver. » À 16 ans, il gagne déjà sa vie comme pianiste de bar, puis monte à Paris pour tenter sa chance. « Mais n’est pas Rastignac qui veut. Dans les soirées, je me sentais transfuge de classe, je ne savais jamais comment tenir ma coupe de champagne. » Il finira pourtant par attirer l’attention d’une maison de disques, rencontrer ses « grands frères » Dominique A., Katerine ou Miossec, et se lancer dans une carrière aussi éclectique qu’exigeante. Obtenue… « de justesse », évidemment.
