Grenoble, laboratoire des radicalités
Yasmina montre du doigt les feuilles plastifiées qui tapissent le mur. « La menace effraie généralement davantage que l’action elle-même », récite l’informaticienne de 34 ans. Soit l’un des 13 préceptes de la « tactique Alinsky », du nom du sociologue américain Saul Alinsky, qui théorisa la mise sous pression des institutions comme stratégie militante. Ici, dans le local de l’Alliance citoyenne, à deux pas de la gare de Grenoble, ces principes d’agit-prop font figure de tables de la Loi. Soumaya et Amel, étudiantes en biologie et en droit, opinent : « Sans nos actions, on serait encore en train d’envoyer des mails. » Les trois jeunes femmes portent le voile, défendent avec fougue l’autorisation du burkini à la piscine. « Mais on se bat pour tout le monde », ajoute Amel, 20 ans, qui veut montrer que, contrairement à ce que l’association a d’abord mis en avant, il ne s’agit pas seulement d’une revendication religieuse.
Si le pays se passionne pour les règlements intérieurs des centres aquatiques, on le doit à cette association fondée à Gre noble, en 2010. En mai 2019, huit de ses militantes débarquent à la piscine des Dauphins, au sud de la ville, dans ce maillot qui couvre le corps et les cheveux, malgré l’interdiction stipulée
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