Il suffit de se poster en haut d’une colline dominant la vallée à la tombée de la nuit pour s’en apercevoir: la pollution nocturne est désormais bien réelle au coeur du désert de Mojave, et la circulation est devenue insensée.
DEPUIS QUELQUES JOURS, un macabre fait divers agite la vallée de Joshua Tree. La police a retrouvé le corps sans vie d’une jeune femme récemment disparue, enterré, dit-on, dans le jardin de la résidence secondaire d’un producteur hollywoodien. C’est un bon pitch pour un épisode d’une série américaine mal doublée sur TF1 mais ce n’est guère rassurant pour les locaux. D’autant que sur une période de dix-huit mois, pas moins de sept corps ont déjà été mystérieusement retrouvés dans des conditions similaires, accréditant la thèse de la présence d’un potentiel tueur en série dans les environs. Je m’attends à tout moment à croiser Hondelatte, en quête d’une nouvelle énigme avec du macchabée à l’intérieur.
“Faites entrer l’accusé” ferait d’ailleurs un bon titre pour résumer l’état d’esprit de nombreux autochtones lorsqu’il s’agit d’évoquer les changements radicaux qu’a subis la vallée ces dernières années. L’accusé, c’est le bobo, le hipster, celui par qui la gentrification est arrivée. Cet envahisseur nourri au quinoa et aux graines de chia a déserté New York et Los Angeles pendant le confinement pour poser ses pompes Veja et son MacBook Pro dans le ont poussé comme des champignons, et tout cela n’a rien d’hallucinogène. On vient de me vendre une bouteille de lait d’amande à 11 dollars, c’est clair, quelque chose a changé.