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L’inventeur de la course au large

i le nom est tombé dans l’oubli, l’œuvre de cet Anglais d’origine (né dans le Somerset au printemps 1861, émigré à New-York avec ses parents quelques années plus tard) a laissé de nombreuses traces qui ne sont pas près de s’effacer. Sa première apparition publique dans le monde du nautisme remonte à la fin des années 1880, sur les bords de l’Hudson, tout près de Wall Street, à une époque où l’on s’occupait davantage ici d’activités, pionnier de la presse nautique anglo-saxonne et désormais occupation à plein temps de Thomas qui va l’utiliser comme support dans son objectif de promotion d’une voile populaire. En 1898, il insère dans ses pages les plans d’un petit voilier à construire soi-même, le , qui deviendra l’un des premiers monotypes à succès de l’histoire. En 1901, toujours pour la construction amateur, ce sont les plans d’un petit croiseur – le Sea Bird – que l’on trouve dans The Rudder. Thomas Fleming Day en a tracé les lignes générales avant de demander à l’architecte Charles D. Mower d’en dresser les plans détaillés en collaboration avec le constructeur Larry D. Huntington pour être sûr que ce bateau de 7,81 m soit à la fois le plus économique à réaliser et le plus marin possible. Avec quelques décennies d’avance, il y a du Herbulot ou du Harlé dans la démarche de Fleming Day : il se moque des traditions guindées et de l’esthétique classique, seuls comptent les aspects fonctionnels. Sur cette lancée il étudie et publie une extrapolation du , le , qui permettra à d’autres amateurs de prendre le large, dont Harry Pidgeon, auteur de deux tours du monde à bord de son fameux Islander. Convaincu que les petits bateaux peuvent naviguer au large, il fait un pied de nez aux prestigieux clubs américains – dont les grandes unités ne servent guère que pour des régates en baie – en organisant entre New-York et Hamilton la Course des Bermudes, réservée aux voiliers de moins de 12 m sur un parcours de plus de 600 milles. On crie au fou, il n’y a que trois concurrents au départ de la première édition en 1906 – dont Thomas Fleming Day, bien sûr – mais l’épreuve va changer la physionomie de la course au large et s’installer durablement dans le calendrier. Tout cela près de vingt ans avant la création de la Fastnet Race ! En 1911, désireux à la fois de s’offrir une belle navigation et de faire du prosélytisme en Europe, il s’embarque avec deux amis à bord de son bon vieux , le prototype qu’il avait financé au moment du lancement de la série du même nom. En à peine plus d’un mois – y compris quatre jours d’escale aux Açores – l’équipage est à Gibraltar, puis pousse jusqu’à Naples à l’invitation de clubs italiens. Cette traversée océanique, sans doute la première d’un petit voilier « ordinaire », connaît un énorme retentissement aux Etats-Unis et reste un modèle du genre. Bateau bien préparé, bonnes moyennes (avec même une journée à 183 milles !), navigation parfaitement maîtrisée : Thomas ne pouvait rêver d’une meilleure démonstration pour défendre la cause des petits croiseurs. Navigateur éclectique, toujours à l’affût de nouvelles expériences, il réussira l’année suivante une des toutes premières traversées de l’Atlantique au moteur, à bord d’une coque de 10,60 m propulsée par une machine à essence de 16 ch. Thomas Fleming Day est mort à Harlem en 1927 sans jamais avoir cessé de naviguer sur toutes sortes de bateaux. lui a survécu jusqu’en 1977 et l’héritage des continue à faire le bonheur de nombreux passionnés.

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