L’étrange victoire d’Emmanuel Macron…
our évoquer l’incrédulité, et même la sidération qui accueillirent en France l’invasion allemande de 1940, Marc Bloch parla d’« étrange défaite ». Le paraphrasant, on pourrait parler, pour caractériser les deux semaines qui ont suivi le deuxième tour de l’élection présidentielle, d’étrange victoire. Alors que pour la première fois – fait historique – un président de la Ve République était réélu par les Français hors cohabitation, l’élan nouveau qui habituellement suit ce moment charnière de la vie politique et qui est, pour ainsi dire, inscrit dans nos institutions (changement de Premier ministre, puis de gouvernement, nouvelle feuille de route, etc.) ne s’est pas produit. Le mandat nouveau a commencé par un étouffement méthodique de tout ce qui, dans les lendemains d’une élection au suffrage universel, ravive l’espérance nationale pendant, au moins, cent jours. Pas d’état de grâce: l’état de stase. Le Premier ministre et les membres du gouvernement ont disparu de l’espace médiatique, sans doute tétanisés à l’idée qu’on pourrait les interroger sur leur avenir personnel ou, peut-être pis, sur l’avenir de la France – les deux étant, selon la formule reçue, « entre les mains du président de la République ».
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