Djaïli Amadou Amal L’ auteure camerounaise qui dynamite le patriarcat
es livres, ceux qu’elle a lus comme ceux qu’elle a écrits, lui ont sauvé la vie, littéralement. Sa vie, d’ailleurs, a tout d’un roman – un roman pas du tout à l’eau de rose, noir au possible, joyeux toutefois depuis quelques années. Djaïli Amadou Amal, auteure camerounaise, a connu le mariage précoce et forcé, la polygamie, les violences domestiques, le kidnapping de ses filles par son ex-mari, le harcèlement sexuel et on en passe. Des tragédies intimes qu’elle transmute, depuis la fin des années 2000, en fictions poético-politiques qui clivent son pays autant qu’elles le passionnent – s’enthousiasme son amie Aïssatou Abdoulahi, professeure de littérature à l’université de Maroua, la ville natale d’Amal – et qui secouent tout autant les lecteur·rices d’Occident: son troisième roman , le premier publié en France en 2020, a cartonné partout (couronné du Goncourt des Lycéens, vendu près de 220 , pour l’ancrer définitivement dans le paysage. Elle y portraiture de jeunes Sahéliennes de la campagne du nord du Cameroun, entre Tchad et Nigeria, qui s’engagent comme domestiques chez les riches familles de Maroua, la capitale régionale. Où les rapports maître·sses-servantes rappellent Marivaux en moins comique – avec des patronnes d’autant plus tyranniques qu’elles vivent recluses et reléguées –, où les islamistes de Boko Haram terrorisent à tout va, où le réchauffement climatique tend plus encore les rapports de classe et de religion – gens de la campagne christiano-animistes, gens de la ville musulman·es – mais où ce sont toujours les femmes, quelles qu’elles soient, qui trinquent. La romancière, style simple et précision d’orfèvre, n’a pas son pareil pour décortiquer les rouages de la domination et résonne, en cela, en nous tout·es.
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