Si Toscanini, Reiner, Szell, Mravinski étaient réputés pour tenir leurs troupes d’une main de fer, aucun n’eut sur les musiciens et le public ascendant aussi vampirique que Willem Mengelberg (1871-1951).
Cet ami de Mahler et de Strauss (qui lui dédia), fut le chef le plus charismatique de sa génération. C’est lui, et lui seul, qui fit en un temps record du tout jeune Concertgebouw la formation d’élite qu’elle est restée. Mengelberg se démarquait de ses rivaux, de Felix Weingartner et d’Arturo Toscanini en particulier, par une théâtralité qui suscitait, en son temps déjà, d’âpres débats. Couvrant les années 1926-1944 et se limitant au seul répertoire symphonique, l’édition mêle enregistrements studio (Columbia, Odeon, Telefunken) et concerts captés par la Radio néerlandaise. On y contemple avec fascination et effarement un style de direction plongeant ses racines dans les entrailles du