CETTE HISTOIRE D’ORVILLE PECK A COMMENCÉ DE MANIÈRE INATTENDUE EN 2019 PAR LA SORTIE D’UN OVNI NOMMÉ “PONY”. Elle se poursuit ce printemps avec un disque XXL, énorme, anormal, “Bronco”, qui ressemble à l’assaut héroïque par une bande d’outsiders d’un monde de l’entertainment qui n’en demandait pas tant. Avril 2022, le poney est devenu cheval sauvage et Orville Peck se tient là, face à la piste, et nous le regardons se préparer pour son saut de l’ange. Le Cow-Boy Masqué est-il en passe de devenir le nouveau symbole de l’Amérique?
Mystification géniale
C’est la voix qui a tout fait. Avec “Dead Of The Night”. La guitare twang crépusculaire et ces lèvres qui s’ouvrent pour laisser passer ce chant insensé. Les mots racontent l’histoire d’une chevauchée: “.” Plus loin, après cet instant de frisson — “” — arrive ce refrain (“ ”) qui permet à Peck d’avoir fait la démonstration en une minute trente de l’étendue de sa tessiture. Des bas abyssaux de Bill Medley — il a repris les deux tubes des Righteous Brothers — aux hauteurs enneigées de Jimmy Somerville — et a chanté “Smalltown Boy” —, il effleure d’une aile tous les veloutés de Chris Isaak. Orville Peck chante comme nous n’entendons plus chanter: de manière démesurée, outrancière, bouleversante, portant haut dans sa voix le fardeau de nos misères communes enveloppé dans le tissu brillant de ses seuls fantasmes. “Pony” se déroulait comme un rêve stylisé, une mystification géniale construite par un garçon de trente ans qui avait tout perdu, et donc plus rien à perdre. Nous sommes moins de cinq ans plus