ACTE PREMIER: 1209-1210, L’ÉPHÉMÈRE VICTOIRE DES BARONS
Se sachant incapable de résister aux croisés, Raymond VI de Toulouse se soumet immédiatement au pape: le 18 juin 1209, il fait pénitence à Saint-Gilles pour le meurtre du légat, accepte toutes les concessions que sa victime avait vainement exigées de lui, et lève même l’épée contre les hérétiques. Ce qui ressemble à une humiliation est en fait une manoeuvre remarquablement habile. En tant que croisé, toutes ses possessions sont protégées par l’Église: Montfort ne peut plus rien contre lui et se détourne donc contre l’ennemi Trencavel dont Raymond VI espère bien récupérer les terres une fois ses alliés repartis vers le nord…
Le 21 juillet 1209, les croisés campent devant Béziers, fief Trencavel. La ville compte environ 10 000 habitants, dont moins de 3 % d’hérétiques selon les calculs de son propre évêque, mais elle refuse d’ouvrir ses portes. Les habitants se méfient de ces barons du nord: une fois installés chez eux, que restera-t-il d’une autonomie conquise de haute lutte sur les seigneurs du voisinage? La répression anti-hérétique ne serait-elle pas un simple prétexte à une justice expéditive? Les Biterrois ont confiance en la solidité de leurs murailles et doutent de la capacité de Montfort à mener un long siège en plein pays ennemi. Trop confiants, les défenseurs tentent dès le 22 juillet une sortie contre les fantassins adverses, jugés moins redoutables… Mais ils sont repoussés, les croisés s’engouffrent derrière eux et passent peut-être 10 % de la population au fil de l’épée. Le légat du pape Arnaud Amaury a-t-il réellement appelé au massacre massif en criant
« »? Ce n’est pas certain. Mais la volonté de faire un écoeurant exemple n’en est pas moins