PEINTURE ROMANTIQUE: DU DRAME POUR LES DAMES
lles se nomment Antigone, Sappho ou Esmeralda, et notre époque voit dans ces figures historiques, mythologiques ou de fiction des femmes illustres aux destinées siècle, dans les ateliers des peintres, ces héroïnes sont représentées comme des êtres fragiles voués à des passions ardentes et à des fins tragiques. Antoine-Jean Gros peint Sappho, la poétesse de Lesbos, sa lyre dans les bras, sur le point de se jeter dans le vide par désespoir amoureux. Jean Gigoux et Eugène Delacroix érotisent chacun à leur façon Juliette, l’héroïne shakespearienne, ou Cléopâtre, la puissante reine de l’Égypte antique, en les figurant nues à l’heure du trépas. Léon Cogniet laisse Velléda, la vierge prophétesse, errer dans la tempête. À l’opéra, ces figures exaltées ont pour relais des cantatrices adulées. Henri Decaisne peint la Malibran dans le rôle dévastateur de Desdémone (dans de Rossini). Louis-Pierre Henriquel-Dupont représente Madame Pasta chantant Anna Bolena (dans l’opéra éponyme de Donizetti). Les jeunes gens se pâment devant leurs toiles. Figurées sous le jour récurrent du drame, ces femmes expriment l’impossible conciliation entre un ordre social établi et la liberté, vite réprimée, de vivre leurs passions. Ce sont ces paradoxes que met à jour cette riche exposition autour du thème fertile de l’héroïne romantique.
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