« Je dérive, je flâne, je contourne, j’emprunte des raccourcis qui m’égarent et font durer le plaisir »… Ces mots de Jacques Réda dans Les Ruines de Paris (1977) pourraient servir de devise à ce genre en soi qu’est la flânerie littéraire, plus précisément dans Paris, la flânerie étant liée à la capitale et indétachable d’elle. « Le flâneur peut naître partout, il ne sait vivre qu’à Paris », lisait-on dès 1831 dans Paris ou Le livre des cent-et-un, l’un des premiers ouvrages de flânerie répertoriés par l’historiographie.
On a(1863), essai sur son ami Constantin Guys, type de l’artiste flâneur qui cherche dans les rues l’étincelle inspiratrice de l’œuvre, et (1869), où l’expérience de flânerie se coule dans les formes du poème en prose. La tradition remonte cependant à la fin du xviii siècle, quand Louis-Sébastien Mercier (1781), Rétif de la Bretonne (1788) ou Étienne de Jouy (1811) commencent à se pencher sur la vie diurne et nocturne des rues parisiennes. Une lignée de récits sur Paris naît alors, qui fixe les canons de la flânerie comme genre et les caractéristiques du flâneur comme personne.