Impossible de passer chez un vigneron de Saint-Chinian sans repartir l’esprit chargé de références géologiques extraordinaires : il y a le “Clou d’or” de la carrière de marbre griotte de Coumiac, témoin de la grande extinction géologique du Dévonien qui a conduit à un renouvellement de 80 % des espèces marines au cours de l’Ère primaire. Il y a aussi les os de dinosaures de Cruzy ou encore cet air de Colorado des canyons de Causses-et-Veyran. Et la liste n’est pas exhaustive.
Autant dire que l’appellation, qui fête en 2022 son 40e anniversaire, est ancrée sur un sol extraordinairement varié ; il ne restait qu’à en dessiner la carte. Justement, les 300 vignerons ont fait appel dès 2019 à l’association des Écologistes de l’Euzière pour les aider. Le brillant géologue Luc David a passé au peigne fin les sous-sols d’Assignan à Roquebrun, définissant des ensembles associant l’aspect géologique mais aussi la faune et la flore, soit ce que l’on appelle la “géomorphologie”.
éboulis, forme plus friable que l’on nomme “vallées ouvertes”. Ici, la garrigue s’appelle maquis, remplie de cistes, bruyères, chênes. La partie sud, plus récente (60 millions d’années), est un chaînon de barres calcaires qui se superposent avec des combes marno-gréseuses. Suite à la poussée des Pyrénées, on compte ici des plateaux à une altitude de 300 à 400 mètres. Le paysage dévoile alors du thym, du romarin, c’est la garrigue traditionnelle, ornée de chênes verts.
SALIVATION DIFFÉRENTE
Cette approche, nous l’avons vérifié, montre clairement des différences de textures, de salivation et d’arômes selon les zones de production. Ces nuances, le vigneron visionnaire Jean-François Izarn (décédé en 2014) les avait palpées dès 1990 et avait décidé de vinifier trois cuvées pour exprimer chacun de ses trois terroirs. Ce sont les “terroirs mixtes” de notre dégustation.