Lorsque, en 2012, la rétrospective Yayoi Kusama est présentée à la Tate Modern, ses commissaires s’attendent sans doute à rencontrer le succès. Il s’agit après tout de la première exposition européenne majeure d’une artiste conceptuelle révolutionnaire. Ce qu’ils n’ont pas prévu, c’est l’engouement irrésistible que suscite une des oeuvres, Infinity Mirrored Room – une multitude de miroirs éclairés à perte de vue par des guirlandes lumineuses. Près de dix ans plus tard, Katy Wan, la curatrice des deux Infinity Rooms visibles à la Tate cet été, admet que la nouvelle édition de cette expo a deux objectifs: donner aux visiteurs, qui rongeaient leur frein en contemplant les nombreuses photos de l’installation, l’occasion de les voir par eux-mêmes, ainsi que proposer un moment de pause, une “réévaluation de Yayoi Kusama à la lumière de son ascension vers une notoriété internationale, aidée ces dernières années par l’émergence des médias sociaux”.
C’est pourtant bien l’omniprésence des réseaux sociaux qui a fait le succès massif de la des artistes Hannes Koch et Florian Artkrass, montée en 2013 au MoMA de New York. Impossible à l’époque de rater la photo du supermodèle Karlie Kloss stratégiquement éclairé dans sa. Bien sûr, le seul endroit où il aurait été nécessaire était dans la file d’attente qui a fait le tour du pâté de maisons pendant des semaines. On imagine que Karlie n’a pas eu à faire la queue.