La dernière grève
ommençons par le contexte historique de cette histoire. Depuis la création des championnats du monde de vitesse en 1949, il y eut plusieurs mouvements de grève (ou de boycott) notables. Les deux premiers furent déclenchés pour des questions de primes d’arrivée. En septembre 1953, au Grand Prix des Nations, à Monza, en Italie, les organisateurs ne veulent pas donner de primes d’arrivée aux pilotes des usines… italiennes! L’ensemble du plateau, pilotes privés inclus, faisant preuve d’une belle solidarité, les représentants officiels de la Fédération internationale contraignent les organisateurs du GP à faire machine arrière. Deux ans plus tard, en juillet 1955, à Assen, aux Pays-Bas, ce sont cette fois les pilotes privés qui sont au départ d’un mouvement de boycott soutenu par les pilotes officiels, lesquels appuient la demande de leurs « collègues» de versement de primes plus élevées. À l’époque, les organisateurs des GP, bien qu’accueillant des foules très importantes, rechignent à payer comme il se doit les pilotes qui assurent le spectacle de ces championnats du monde récemment officialisés, et les courses internationales hors championnats sont même plus rémunératrices pour leurs acteurs principaux. À Assen, après, l’Édito signé de la main d’Éric Glain, son rédacteur en chef, explique comment la situation a dégénéré: “On ne dit rien sur Barcelone et vous laissez Nogaro tranquille.’’ (en août 1981, ndlr) (sic) Dès leur installation dans un parc coureurs trop petit pour accueillir dignement l’ensemble d’un (ex) Continental Circus en croissance rapide, notamment au niveau de la structure des équipes officielles et des motor-homes de leurs pilotes, ceux-ci protestent ouvertement quant à l’étroitesse du paddock, où tout le monde se retrouve serré comme dans une boîte de sardines. Et inévitablement, après les premiers essais, la colère monte, venant des stars de la catégorie 500, qui estiment que disputer une course dans ces conditions est carrément infaisable, les bosses provoquant des guidonnages terribles à de nombreux endroits de la piste. Jeudi soir, la veille des essais officiels, une quinzaine de pilotes officiels et les privés de pointe se réunissent et décident collectivement de ne pas prendre part à la course. Ils sont soutenus par leurs équipes. C’est un geste fort et un mouvement identique dans son déroulement à ce qui s’était passé au Nürburgring huit ans auparavant. Il y a bien quelques remarques ironiques des pilotes privés, qui notent que cela arrange bien les officiels Suzuki et Honda, dont les cadres souffrent semble-t-il beaucoup sur les bosses de Nogaro. Mais globalement, le paddock approuve plutôt la décision des pilotes de la catégorie 500. Le problème pour ce Grand Prix de France mal engagé, c’est que le mouvement fait tache d’huile.
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