EMMANUEL CARRÈRE VOYAGE EN SOLIDAIRE
Il est déjà là, assis au fond du café parisien où il se rend chaque matin. Emmanuel Carrère couvre depuis trois mois le procès des attentats du 13 novembre 2015 pour « L’Obs ». On s’attend à tomber sur un homme cassé par la souffrance des autres. Mais non. L’écrivain, qui a repris ses habits de cinéaste pour adapter « Le quai de Ouistreham », de Florence Aubenas, est un homme qui prend son temps pour réfléchir, affable et élégant. La promotion n’est, soi-disant, pas son dada, mais il va se révéler pendant l’heure qui suit comme un parfait exégète de son œuvre, lucide et sincère. Car de cette immersion dans la France des invisibles, ces agents de propreté qui travaillent sur les ferrys assurant la liaison entre Ouistreham et Portsmouth, Carrère a tiré un grand film dramatique. Avec une intrigue, une tension et des personnages tous joués par des comédiens non professionnels à l’exception de Marianne Winckler, double de cinéma d’Aubenas, brillamment incarnée par Juliette Binoche. Carrère aurait pu se ramasser en appuyant trop sur la barrière sociale qui sépare la star des gens modestes. Mais l’homme de lettres sait comment s’y prendre quand il s’agit de raconter la vie des autres. Il signe là un film chaleureux, rugueux et plus
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