LA BONNE ALTITUDE
ADRIEN BRODY ne vient jamais les mains vides. La première chose qu’il fait en arrivant à notre rendez-vous, au pied d’un sentier de grande randonnée très aimé par les habitants de Los Angeles, c’est de me tendre le festin qu’il nous destine: un tupperware plein de cerises et de pastèques, des bouteilles d’eau et de jus d’orange pressé minute, ainsi que deux toasts beurrés dans un bout d’essuie-tout. Un grand charmeur, incontestablement – mais aussi un acteur qui adore préparer n’importe lequel de ses rôles en profondeur. On mange assis sur le trottoir. Il est presque neuf heures du matin. Les cerises sont délicieuses.
Brody a 47 ans et cela fait plus de trente ans qu’il est acteur. Il s’est forgé la réputation d’un pro qui se donne à mille pour cent: il n’hésite pas à perdre du poids, à se faire des muscles en béton, à ramper dans la forêt. « Je suis prêt à tout pour un rôle, et ça, tous mes proches le comprennent et le respectent. » Comme tous ses congénères, il a eu des hauts et des bas, mais, dans le cas de l’intense Adrien, les montagnes russes paraissent plus vertigineuses, pour le meilleur comme pour le pire. Il reste, à ce jour, le plus jeune acteur jamais couronné par un Oscar pour Le Pianiste (2002). Il a aussi décidé, il n’y a pas si longtemps, de passer quelques années à se consacrer à tout, sauf au cinéma.
Ascension fulgurante
Cet automne, l’acteur revient, et la période lui réussit comme jamais. Il apparaît dans la troisième saison de , dans laquelle il incarne un investisseur qui croise le fer avec la famille Roy. Après quoi sortira , son quatrième film avec Wes Anderson (le cinquième l’année prochaine, il prêtera ses traits à deux légendes: le dramaturge Arthur Miller – l’un des époux de Marilyn Monroe, dans , le biopic que consacre Netflix à l’actrice – ainsi que le légendaire entraîneur de basket Pat Riley, dans la série réalisée pour HBO par Adam McKay sur les Lakers dans les années 1980. Brody le sait bien, tout cela dépend souvent du hasard. Il est heureux de voir tant de choses débouler en même temps – lui qui a toujours mis en pratique sa méthode dite « de l’effort maximal », quelle que soit la qualité du projet. Et souvent, sa contribution est ce qui sauve les films dans lesquels il figure. Cependant, il semble enfin trouver de nos jours des rôles à la mesure de ses capacités – ce qui promet de dévoiler au public une autre facette de lui.
