Schubert Le Voyage d’hiver
En 1827, Schubert n’est pas seul, il a des amis. Schubert n’est pas obscur, sa notoriété est grande à Vienne. Schubert n’est pas pauvre, il vit correctement de son art. Mais Schubert est malade. Atteint de syphilis, il sait que ses forces l’abandonnent. Il ne lui reste de fait qu’un an à vivre. Pour lui, voici venu le temps de l’ultime floraison. Celle de la grande symphonie en ré, de la Messe en mi bémol, du Quintette en ut, des dernières sonates, des prodigieux lieder sur des poèmes de Heine qu’après sa mort on rassemblera en un recueil intitulé Le Chant du cygne.
Tout ce qu’il avait porté jusque-là parvient à un degré jamais atteint d’incandescence. Trente ans après la mort de son ami, Joseph von Spaun se rappelait l’humeur sombre du compositeur pendant qu’il travaillait au Voyage d’hiver, et l’effroi suscité par la première audition, révélant soudain un Schubert dont ils ne mesuraient pas les abîmes intérieurs. Un nouveau Schubert? Frappent en réalité non la rupture avec le travail précédant cette année 1827-1828 mais l’étonnante continuité, et la quête infatigable d’approfondissement.
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