Le fana de l'aviation

Max Guedj (1913-1945) Ce héros méconnu de la France libre

Maurice, Jean, Max, Guedj voit le jour le 8 juin 1913 dans le port tunisien de Sousse, unique enfant de Gilberte Sultan et de Félix Guedj. Il s’agit d’une famille juive de notables puisque M. Félix Guedj, né en 1885, qui a fréquenté le lycée de Tunis et a fait des études de droit à Paris, exerce la profession d’avocat tandis que son propre père, Moïse Guedj, exerce la profession de pharmacien à Sousse. Sans doute pour obtenir la citoyenneté française, qui n’est pas octroyée aux juifs de Tunisie – le décret Crémieux de 1870 ne s’appliquant qu’aux juifs d’Algérie –, Félix Guedj, militant à la ligue des droits de l’homme, s’engage dans l’armée en 1914 et combat sur le front pendant trois années. Il y est probablement blessé car démobilisé en 1917. Il s’installe alors avec sa famille à Casablanca, au Maroc, pour reprendre son métier d’avocat, et devient un important notable en accédant à la fonction de bâtonnier de l’ordre puis en fondant une école professionnelle pour les indigents, militant dans les associations de bienfaisance. À ce titre, il est décoré par le sultan du Maroc de l’ordre du Ouissam Alaouite le 1er janvier 1929. Durant toutes ces années, son jeune fils, qui prend le prénom d’usage de Max, grandit à Casablanca et fréquente le lycée de la ville.

Un texte qui rend compte des périls à venir

Quand il atteint l’âge de 16 ans sa famille s’installe à Paris et emménage dans un appartement du boulevard Haussmann. Alors que Max poursuit sa scolarité au prestigieux lycée Janson de Sailly, son père, qui plaide dans la capitale, est au mois de novembre 1930 décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur sur proposition du ministre du travail. C’est au cours de cette même année 1930 que Max obtient son baccalauréat et, suivant le chemin tracé par son père, entame aussitôt des études de droit à la faculté de Paris, parallèlement avec des études en lettres. Parlant parfaitement l’anglais, l’arabe et l’espagnol, il met à profit ses années d’études en effectuant plusieurs voyages et, en 1933, passe quelques jours à Berlin au terme d’un voyage en train depuis Paris. Il en tire un récit, Instantanés de Berlin, dans lequel il décrit de manière très réaliste la réelle emprise de la propagande des nazis qui viennent de prendre le pouvoir sur l’ensemble de la population, laquelle semble embrigadée et toute prête à se lancer dans une nouvelle guerre. Son texte, à valeur prophétique, est publié dans la revue littéraire Les Œuvres libres du mois d’août 1933, et rend parfaitement compte des périls qui s’annoncent.

Il va prolonger ses études et réaliser plusieurs articles en tant que journaliste, jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par ses obligations militaires. Il part alors dans un régiment de Metz-Frescaty en tant que simple soldat le 15 octobre 1934 et y reste une année durant laquelle naît unepassion pour les avions qu’il ne fait que côtoyer, étant de par son rang de simple exécutant cantonné à des tâches du service général de la base. Le père Raymond Godard, futur aumônier des Forces aériennes françaises Libres, y débute son service militaire et croise le jeune Max Guedj: “Chose curieuse, il y avait à Metz-Frescaty quand je faisais mon service militaire, un petit bâtiment appelé le service des archives. Il y avait dans ce bâtiment quatre hommes, un adjudant, un sergentchef et deux appelés. L’un de ces appelés était un de mes amis, qui était organiste […] Il y avait avec lui Guedj. Il m’étonnait à ce moment-là, car il était très pacifiste, et très antimilitariste. Il était dans une véritable planque, c’était en temps de paix. Ils étaient toujours en permission, il suffisait que l’un soit là. Son père était avocat à Casablanca, il était israélite, nous avions des conversations très intéressantes, mais il était antimilitariste.” Fait illustrant le témoignage de Raymond Godard, Max Guedj termine son service militaire le 12 octobre 1935 sans le moindre galon malgré son niveau d’études.

Un jeune avocat particulièrement brillant

Il retourne à Casablanca après son année de service, où son père a repris ses plaidoiries et a notamment défendu au mois de février 1934 le Pacha de Marrakech dans une affaire de diffamation contre un journal parisien, en compagnie du plus célèbre avocat de l’époque M Vincent Moro-Giafferri, avocat de Landru et témoin du mariage de Charles Nungesser. Max Guedj, après avoir achevé sa thèse en droit et obtenu deux diplômes d’études supérieures en économie politique et en civilisation américaine, entame alors son activité professionnelle d’avocat fin 1936 aux côtés de son père. Le jeune avocat est de toute évidence particulièrement brillant si l’on en croit le chroniqueur judiciaire du quotidien qui y retranscrit plusieurs de ses plaidoiries. Ainsi, le 6 juillet 1937 il plaide la cause de Pierre Elloy, un comptable indélicat de la

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