ROSSI ET LA M1 AU DIAPASON
onda n’ayant pas voulu le libérer de son contrat avant la fin du mois de décembre, Valentino doit patienter jusqu’au vendredi 23 janvier 2004 pour découvrir sa nouvelle monture, une machine qui, en deux ans, n’a gagné que deux Grands Prix aux mains de Max Biaggi. Masao Furusawa, patron du service course Yamaha, assiste à la scène avec émotion, tout comme les vingt-trois ingénieurs japonais qui ont fait le déplacement pour ces trois journées de tests. Entre cette première séance d’essais et le Grand Prix d’Afrique du Sud qui ouvre le championnat le 18 avril, le camp Yamaha va faire des miracles pour faire évoluer sa moto. Un nouveau moteur calé à 90° voit notamment le jour. Même si elle manque toujours un peu de vitesse de pointe, la M1 s’avère plus facile à piloter et moins contraignante pour ses pneumatiques. Voilà comment, à la surprise générale, Rossi remporte le premier Grand Prix de la saison au terme d’un formidable duel avec Max Biaggi. Un véritable exploit sur lequel bien peu auraient misé trois mois plus tôt. Lui qui pensait mettre une demi-saison pour être dans le coup, le voilà dès l’ouverture du championnat installé entre l’Italien et l’Espagnol. Les motos se touchent dans la dernière chicane, Rossi s’impose et les deux hommes quittent Assen ex-æquo à la première place du championnat. Après cinq courses en Europe, la caravane des Grands Prix s’offre une excursion au Brésil. De ce voyage, les deux hommes reviennent avec le même nombre de points au compteur. L’un comme l’autre terminent en effet la course au tapis. Remis en selle par sa deuxième place à Rio, Biaggi en profite de son côté pour se replacer dans la course au titre. Mais à Donington, juste avant la trêve estivale, Rossi offre une véritable leçon à ses adversaires. Pole position aux essais, vainqueur de la course avec un boulevard d’avance, il parvient à faire un pas de plus vers le titre. Un mois plus tard, Gibernau s’impose à Brno, mais Valentino limite les dégâts en terminant deuxième à quelques mètres du pilote Honda. À Estoril, il remporte sa sixième victoire devant Tamada et Barros et prend le large au classement général. Au Japon, c’est Tamada qui profite de l’excellent comportement de ses Bridgestone pour s’imposer, mais Valentino assure encore la deuxième place, tandis que Gibernau ne peut faire mieux que sixième. Le 2 octobre, pour la première fois de son histoire, le championnat fait escale au Moyen-Orient, sur le circuit de Doha. Tracée en plein désert, la piste de Losail manque considérablement de grip à cause du sable que le vent y dépose. Au soir des essais, Jeremy Burgess décide de nettoyer la place de laquelle son pilote est censé partir. Honda porte réclamation et Valentino écope de six secondes de pénalité sur son temps de qualification. De la deuxième ligne, le pilote Yamaha glisse en fond de grille et fulmine. Remonté comme une pendule, il jaillit au départ comme un diable de sa boîte et ne met que quelques tours à se retrouver dans les roues des deux Honda de Gibernau et Edwards, ainsi que de la Yamaha de Checa. Et puis, quelques kilomètres plus tard, l’Italien sort un peu large d’une des courbes les plus rapides du circuit, met sa roue avant dans la poussière et perd le contrôle de sa machine. Fou de rage, il promet de prendre sa revanche en Malaisie. Il va bien évidemment tenir parole. Fort d’une nouvelle victoire et de la contre-performance de Gibernau, seulement septième, il relègue l’Espagnol à 30 points. Rossi n’a désormais plus qu’à marquer son adversaire à la culotte pour décrocher le titre en Australie, s’évitant ainsi de jouer une délicate finale à Valence, devant les supporters du pilote Honda. Là où d’autres auraient choisi d’assurer, Valentino opte comme d’habitude pour le panache. Prenant tous les risques, il va chercher l’Espagnol dans le dernier tour pour fêter son sixième titre de champion du sommet du podium. Chez Yamaha, on est aux anges. Depuis le dernier titre de Wayne Rainey en 1992, les Japonais n’avaient plus connu pareille gloire. La question est désormais de savoir si le sextuple champion du monde aura la même motivation pour aller chercher un 7 titre.
